samedi 27 juillet 2013

Zamora (Espagne)

S'il est une étape qu'il ne faut sous aucun prétexte manquer en traversant l'Espagne (ce que je fais pour la douzième et sans doute dernière fois, Mary James ayant définitivement quitté Lisbonne), c'est bien la petite ville de Zamora. A priori, "au milieu de rien" (donc peu de touristes en ce mois de juillet, sans doute préfèrent-ils s'agglutiner sur les plages...), 65000 habitants mais beaucoup plus d'intérêt que Levallois-Perret, agglomération de la même taille en région parisienne... Il faut dire que je suis bien conseillée par une amie hispanisante émérite!
Bref, pourquoi Zamora? De l'époque de la colonisation arabe il ne reste que les origines du nom : "Azemur" (oliveraie sauvage) et "Semurah" (ville des turquoises). Mais en 1093 le lieu fut conquis par Le Cid (tiens, j'ai déjà entendu ce nom quelque part) et en 1143, dit-on, la ville fut le théâtre de la signature du traité marquant la naissance du royaume du Portugal (pas rien tout de même...)
Cette ville, classée, à juste titre, site historique, possède de nombreux remparts, palais, églises, de style roman témoignant de son influence à l'époque médiévale.





Je vous épargnerai les 24 églises romanes du XIè au XIIè siècle mais elles sont toutes superbes.


Santa Maria La Nueva



De celle-ci je ne retiens qu'une chose, les cigognes sont, elles aussi sensibles à l'art roman
Moi, ce serait plutôt les terrasses de café ombragées où, pour une somme modique, on vous sert aimablement un café. C'est loin Paris!





San Juan de Puerta Nova



Depuis la terrasse du petit restau bien abritée du solail, j'ai pu l'admirer à loisir...


Santa Maria Magdalena
 Mais Zamora est aussi intéressante pour ses  élégantes façades, ses ruelles pleines de charme et entre 13h et 15h, sous le soleil écrasant, la paix y est royale.







Le pont de 250 m de long sur le Douro est lui aussi superbe.




Ici, je cherche un coin d'ombre dans la cour accueillante du Convento del Transito. Comme dans le reste de la ville, pas âme qui vive...




Voici enfin la cathédrale du XIIè siècle connue pour sa coupole de style byzantin.



Pas moyen de visiter le cloître à cette heure peu chrétienne ici, tant pis...




Des vestiges de portes et de murailles plein de charme mènent au château construit entre les XIè et XVIIè siècles mais dont les fondations sont pré-romanes







Je garde un souvenir délicieux de cette journée passée à Zamora et j'y reviendrai (point besoin de bateau pour y aller!!!)

mardi 23 juillet 2013

Coimbra

J'en rêvais depuis toujours, je l'ai fait! 
Le tour du monde? Vu des ours polaires? Découvert une île déserte aux plages immaculées? Non. 
J'ai enfin visité l'université de Coimbra! Il faut dire que c'est l'une des plus anciennes en exercice en Europe, voire dans le monde.... La Sorbonne, Cambridge et Harvard en un seul lieu (j'exagère à peine...) Elle fut fondée en 1290, se transporta de Coimbra à Lisbonne selon la volonté des monarques mais prit définitivement possession des lieux en 1537.




L'imposante statue du roi Joao III responsable de son transfert en témoigne.




Un des éléments les plus célèbres est la Tour de l'Horloge (XVIIIème siècle) dont la sonnerie des différentes cloches régit la vie des étudiants.




Mais bien sûr ce qui m'a le plus impressionnée, c'est la bibliothèque Joanina qui fête cette année ses 500 ans. Interdit d'y prendre des photos mais les béotiens ne s'en privent pas n'ayant de respect pour rien, surtout pas pour les livres... Cette photo n'est donc pas de moi. Si je dois un jour être prise en otage et enfermée, c'est là, bien sûr!!




Autre partie importante de cette grande cour rectangulaire, la chapelle San Miguel, couverte d'azulejos du XVII ème siècle. Là encore pas de photo mais ne manquez pas l'orgue restauré de 1732. Une pure merveille.




Reste le Palais rectoral et sa fameuse Salle des Actes. Elle a tout de même une certaine allure.




Mais une université n'en serait pas une sans ses étudiants et leurs slogans définitifs. Celui-ci me plaît bien. Les descendants de Mai 68 sont en chemin. Bonne route!




Il y a aussi de superbes massifs floraux, elle vit cette université quoi, et pas que pour les touristes (peu nombreux, ayant sans doute peur de la contagion...)




Mais Coimbra est une charmante petite ville avec son incontournable Plaza Mayor, ses cafés, ses rues piétonnes ombragées, il faut aller y passer un bon moment.




Elle a bien sûr sa cathédrale Sé Nova (1598) dont l'intérieur richement décoré montre la dévotion des populations en des temps pas si lointains...







Mais la ville et l'université surplombent le fleuve Mondego appelé par les habitants de la ville "O Rio
dos Poetas". Tout un programme : on est loin de la mer, des touristes dévastateurs, proche du savoir, de l'humilité, et d'une vie authentique, quoi de plus romantique?



dimanche 21 juillet 2013

Art moderne et décor historique

Il s'agit de l'exposition de Joana Vasconcelos, artiste contemporaine portugaise née à Paris (en 1971) et ayant gagné ses lettres de noblesse à la Biennale de Venise en 2009 et à Versailles (en dépit des conformistes choqués) en 2012, qui travaille à Oieras, dans la banlieue de Lisbonne et expose en ce moment au Palais National d'Ajuda. Inutile de dire que je m'y suis précipitée pour me faire une idée personnelle loin de la critique et des néophytes.




Première oeuvre ayant retenu mon attention s'appelle "Destins croisés" : un ancien instrument de musique portugais décoré, voire traversé, par des morceaux de plastique et des chaînettes de crochet. L'idée m'a plu. A vrai dire, ce n'est pas la toute première, mais celle-ci était impossible à photographier pour la novice que je suis en matière de photo car il s'agissait de passer au travers d'un rideau de velours rouge (et non pas d'un miroir...) pour entrer dans l'obscurité d'une salle qui n'était "éclairée" que par des parterres de minuscules fleurs lumineuses et qui s'appelait "Le jardin d'Eden". J'y aurais volontiers passé un long moment.




Nombreuses sont ses sculptures et céramiques recouvertes de crochet des Açores (mais oui) qui sont belles et parfois drôles comme ce crabe géant...







...ou cette télévision qui diffuse un programme de l'Eurovision!!




Mais il est des oeuvres plus frappantes, plus attachantes encore comme cet "Independent Red Heart" fait de milliers de fourchettes en plastique rouge et qui tourne sur lui-même,




ou cette paire de chaussures toute faite de casseroles, de marmites et de leurs couvercles, oeuvre intitulée "Marilyn" - superbe!




Si l'on ajoute qu'elle traite avec humour et sensibilité de la condition féminine, ses oeuvres sont importantes par leur esthétique, leur taille et leur sens.

Mais voilà, elle les expose dans des lieux qui ne se prêtent guère à ce genre de démonstration, à savoir des palais royaux dans lesquels la "représentation" n'a pas du tout le même sens! Afin de ne pas choquer les plus sensibles, j'ai essayé (à tort) de dissocier les deux, mais c'est peut-être pour mettre plus en valeur le contraste que j'ai personnellement beaucoup aimé.

Et voici donc les appartements royaux de ce palais (re)construit pour Louis I et son épouse Maria Pia au début du XIXème siècle, avant l'effondrement de la monarchie. Rien à envier à Versailles, les rois voient souvent les choses en grand...




même si j'ai un faible pour le Salon de Musique...













... je dois dire que les escarpins de "Marilyn, la cuisinière la plus sexy du monde" dans la Salle du Trône apportent une note de gaité!

C'est bon parfois d'être conforté dans l'idée que l'art et la créativité ne se sont pas tragiquement arrêtés au XVIIIème siècle...