Alors qu'en ce moment tout le monde a du mal à se remettre du foie gras, de la dinde, de la bûche, sans parler du champagne qui a coûlé à flôt, il me vient l'envie, à contre-courant (ha ha), de présenter les plats qui ont fait notre plaisir à Trinidad. Quelle idée!
Et pourtant il va de soi que la cuisine locale existe, qu'elle est haute en couleur (et en saveur), et que ce serait vraiment dommage de la passer sous silence.
Ici tout commence le matin non pas par un café/croissant (introuvables), ni même par un English breakfast (réservé aux gens qui ont le temps et ne se sont pas vraiment adaptés à la gastronomie trinidadienne), mais par des "doubles" achetés à un marchand de rue (ils sont légions en ville ou le long des routes). Il s'agit d'une sorte de sandwich de "pain" local (bara) garni de pois chiches (chick peas) recouverts de toutes sortes de condiments aigre-doux (chutneys) et surtout de sauce pimentée forte (pepper sauce). Dès le matin, ça met en forme! Et puis personne en dehors des habitués n'a jamais pu (ou rarement) s'y risquer sans en faire couler sur son Tshirt ou au mieux sur ses sandales...
C'est ainsi qu'avant-hier j'ai préféré goûter un (ou une?) "sahina", sorte de beignet (fritter) aux branches de dachine (tubercule brun foncé dont la forme et la taille rappellent le céleri rave). C'est surprenant le matin mais finalement très bon surtout après avoir fait quelques kilomètres en voiture et attendu 10 heures du matin pour tenter l'expérience.
Ce genre de petit déjeuner permet souvent d'attendre le début de soirée et le dîner! Mais les plats qui suivent peuvent bien entendu se consommer au déjeuner. Et on ne peut pas passer par Trinidad sans y goûter.
Sur la côte nord de Trinidad, en arrivant sur la plage de Maracas (une des plus belles, des plus grandes et des plus populaires de l'île) fleurissent les étals proposant "Bake 'n' Shark" : traduction rapide sandwich au requin! Le poisson n'est pas partout du requin, il est recouvert de toutes sortes de crudités (tomate, concombre, poivron, salade) et bien sûr de sauces et condiment plus ou moins relevés, au choix. L'ensemble se révèle, comme pour les "doubles", assez difficile à manger sans débordements...
Oui, oui, j'ai essayé aussi, mais en trichant un peu, avec une assiette...
Autre grande spécialité des Caraïbes (pas seulement de Trini) à l'étiquette trompeuse, le "roti" (sans accent circonflexe, bien sûr) : à l'intérieur d'une sorte de crêpe soigneusement repliée et fermée, on trouvera un curry de poulet, de boeuf, de poisson. Ce n'est pas particulièrement léger, mais c'est très bon. C'est surtout bien meilleur qu'un Big Mac!!
Ces plats servent souvent de repas à eux tout seul. Comme dans beaucoup de pays influencés par les anglo-saxons, pas de hors d'oeuvres au quotidien (de la soupe éventuellement, mais sous ces climats...), les légumes font partie du plat ou se réduisent à des salades, le fromage n'existe que parce que les Anglais et les Néo-Zélandais ont des surplus de Cheddar à exporter mais il ne se mangera pas vraiment au repas, quant au dessert, là encore on trouvera des glaces (les meilleures sont les sorbets à la noix de coco faits maison), des gâteaux (au chocolat, à la noix de coco, à la banane, ...) et surtout, pour nous (car les gens du pays ont des coutumes fort différentes des nôtres et en mangent rarement à la fin du repas), une profusion de fruits qui sont les bienvenus après ces plats épicés : mangues, bananes, fruits de la passion, ananas, caramboles ("star fruit" car une fois coupé en rondelles celles-ci ont la forme d'une étoile), quénettes (inexportables), corossol aussi appelé "soursop" et goyaves (meilleurs en jus), pastèques, papayes (qu'on peut aussi manger en hors d'ouvre, comme le melon, mais avec quelques gouttes de citron vert), etc...
Encore faim? Non! C'est bon de terminer sur une note de fraîcheur.